On a testé… « Sonic Frontiers », un fiasco en monde ouvert


La promesse de « Sonic Frontiers » de parcourir de grands espaces se heurte régulièrement aux possibilités réelles du personnage.

Si on a pu constater, il n’y a pas si longtemps, un réel soubresaut côté 2D avec la sortie en 2017 du révérencieux Sonic Mania, cela fait belle lurette en revanche que plus personne ne défend l’ami Sonic sur le front de la 3D. La mascotte qui rivalisait autrefois avec Mario en matière de qualité va de déception en déception, la dernière restant le dispensable Sonic Forces, sorti il y a tout juste cinq ans.

Aux yeux de ceux, toujours moins nombreux, qui espèrent encore le retour en grâce ailleurs qu’au cinéma d’un personnage qui reste important dans l’histoire du jeu vidéo, Sonic Frontiers, qui sort mardi 8 novembre sur PC, Nintendo Switch, PlayStation 4 et 5, Xbox One et Series, constituait un bon candidat. Mais autant tuer le suspense immédiatement : ce nouvel épisode ne représente qu’un trébuchement supplémentaire dans la course toujours plus sinueuse du hérisson bleu.

Les mondes ouverts du hérisson piquent un peu

La proposition principale de ce Sonic Frontiers réside dans une ouverture presque ostentatoire de ses environnements. On cherche ici à intégrer les mécaniques habituelles de la série (rambardes, tapis roulants, ressorts, chemins d’anneaux, etc.) dans de grands espaces de manière organique, comme d’autres ont su le faire avec brio ces dernières années : Zelda : Breath of the Wild, Super Mario Odyssey et Elden Ring en tête.

Lire aussi « Elden Ring », un jeu vidéo aussi âpre que sublime

Sega a donc tenté de disperser des bouts de niveaux un peu partout dans cinq vastes mondes partitionnés aux thèmes peu inspirés (plaine, désert, volcan…), tels de petits ateliers. Parfois, une récompense attend le joueur au bout d’une rampe retorse, à d’autres moments, il s’agira du seul moyen pour atteindre le haut d’une corniche. Les puzzles (basiques), les trésors à découvrir (mais bien indiqués par un énorme panneau fluorescent) ou encore les boss à vaincre (avec système de combat franchement médiocre) ne suffisent pas à dissimuler la réalité de l’univers qui nous entoure : on ne peut plus artificiel et inintéressant à parcourir.

Pour grimper sur de très nombreuses structures, Sonic n’aura d’autre choix que d’emprunter des structures artificielles, comme des rails ou des tremplins.

Le cœur du titre consiste en la collection d’un nombre considérable de babioles afin de dérouler un scénario bien peu passionnant. Dommage d’avoir créé des mondes qui semblent sans barrières pour finalement imposer une structure de progression aussi dirigiste en nous forçant à filer d’objectif en objectif. De temps à autre, le joueur croisera un portail qui l’enverra dans un tableau de plate-forme traditionnel à la série. Bien que ces phases de quelques minutes offrent de réels moments grisants de vitesse, elles conservent malgré tout les défauts accumulés par la saga depuis des années et ne demeurent que des parenthèses incapables de sauver le reste.

Sonic s’ouvre, mais surtout aux critiques

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est qu’habituellement Sonic n’a pas tant d’équivalents que ça : en général, quand un épisode en 3D sort, il n’y a pas réellement d’autre choix que de le comparer à ses prédécesseurs. Sauf que cette fois, en décidant de mettre un pied dans le territoire hautement disputé du monde ouvert, Sonic doit rendre bien plus de comptes qu’il ne peut se le permettre.

Lire aussi Faute de bons jeux « Sonic », les fans développent les leurs

Par exemple, sur la version PS5, de nombreux éléments n’apparaissent qu’à quelques mètres du personnage. Un manque de finition honteux, qui engendre la planification des itinéraires, initialement déjà très compliquée, encore plus cauchemardesque. Sonic n’étant ni Mario ni Link, il rencontre des difficultés monstres devant la verticalité du terrain et se révèle tributaire des rampes et autres plates-formes qui ne poindront pas, tant qu’on n’aura pas le nez dessus.

Quelques ennemis sillonnent le monde de « Sonic Frontiers ». Malheureusement, le système de combat ne leur rend pas vraiment honneur.

Et puisque l’on parle de navigation : on n’a rarement vu pire système de carte dans une vie de joueur. Initialement vierge, elle se remplit par de toutes petites zones non contiguës, un peu comme un damier irrégulier, ce qui la rend pratiquement inutile tant qu’elle n’est pas complète. Quant aux tribulations auxquelles il faut se soumettre pour accéder à un succédané de système de téléportation, elles donneraient presque envie de s’en passer.

Il est louable, vraiment, de la part de la Sonic Team, d’essayer de sortir la série de son marasme habituel. Seulement, que ce soit sur les moyens, le savoir-faire, les sensations ou l’originalité, ce pauvre Sonic, malgré sa vitesse, se retrouve largement dépassé par tous ses contemporains.

Lire aussi : « Sonic the Hedgehog » : les trente ans du hérisson bleu, en dix articles du « Monde »
Des portails éparpillés dans les vastes environnements donnent accès à quelques niveaux dans la plus pure tradition des jeux Sonic en 3D.

L’avis de Pixels :

On a aimé :

  • les rares moments réussis de vitesse, notamment dans les niveaux traditionnels, quand Sonic ne part pas dans le décor sans raison ;
  • la tentative de faire sortir Sonic de sa zone de confort.

On a moins aimé :

  • les environnements ouverts qui ne fonctionnent manifestement pas pour Sonic ;
  • une technique franchement honteuse.

C’est plutôt pour vous, si :

  • adepte inconditionnel, vous voulez absolument essayer les quelques nouvelles courses.

Ce n’est plutôt pas pour vous, si :

  • vous aimez savoir où vous allez quand vous allez quelque part ;
  • vous attendiez un renouveau réussi de la licence.

La note de Pixels :

2 anneaux sur 5



Source
Catégorie article Politique

Ajouter un commentaire

Commentaires

Aucun commentaire n'a été posté pour l'instant.